Dans le cas d’un entretien avec une personne homosexuelle :

Quel message faire passer ? Comment réagir devant certaines questions ?

En guise de préambule, citons le Père Marc Oraison :

« Le fait d’être homosexuel n’est pas d’ordre moral. Ce n’est ni une faute, ni un péché, ni un vice, c’est un fait. La personne qui a des tendances homosexuelles n’a pas choisi de les avoir et il serait à la fois stupide et grandement injuste de le lui reprocher. C’est un donné auquel il n’est pour rien et avec lequel il va falloir qu’il s’arrange, d’une manière ou d’une autre. » (La Question Homosexuelle, 1975)

 

 

1/ Quand une personne homosexuelle vient nous trouver – demande à être accueillie ‑, elle a peut-être mis des mois à se décider. Certaines, se sachant hors des « normes » de l’Eglise, hésitent souvent à aller trouver un prêtre ou un agent pastoral, tant elles s’imaginent qu’elles seront jugées, voire repoussées. Il faut donc être très délicat, car le moindre mot de jugement sera ressenti d’autant plus douloureusement que nous sommes considérés comme devant être témoins de l’amour de Dieu.

Pour cela, il faut éviter tout discours général ou moralisateur, éviter les termes qui culpabilisent. Eviter ce qui est de l’ordre de l’investigation et faire preuve de pudeur, jusque dans le choix des mots.

2/ Il sera important de remettre les choses à leur juste place : l’homosexualité n’est pas le tout d’une vie. On peut demander à la personne quels sont ses centres d’intérêt, ses compétences, ses qualités, pour lui faire découvrir sa richesse. Mettre en valeur la beauté de la personne, surtout quand on sent qu’elle se mésestime. Lui faire comprendre que toute personne est d’abord un enfant de Dieu, quelle que soit son orientation sexuelle.

3/ Il nous faut éviter de parler en premier de la position de l’Eglise sur l’homosexualité, de la Bible, etc. Mais il est fréquent que les personnes très culpabilisées tiennent à aborder le sujet, parce que c’est ce qui a nourri leur sentiment de culpabilité. Pour certains, cette culpabilité les a même poussés à y revenir fréquemment, et ils connaissent bien ces textes.

Dans ce cas, que dire ? La plupart du temps, il est inutile d’entrer dans de grandes profondeurs spirituelles. Ce n’est pas l’attente de la personne. Quand la culpabilité étouffe, on a besoin de réentendre plusieurs fois les mêmes choses, bien basiques, comme pour se rassurer. Il faut alors ouvrir des « fenêtres » de respiration, celles qui vont décontracter :

–          A propos du Catéchisme (1) : Ne pas insister sur les termes tels que « dépravation grave ou intrinsèquement désordonné » mais insister sur « graduellement » (« s’approcher graduellement de la perfection chrétienne»). Etre saint, ce n’est pas être parfait aujourd’hui, mais : que m’est-il possible de faire aujourd’hui pour grandir ? Se rendre compte de cela est pacifiant.

Pour d’autres, qui seront plus ouverts à ce genre de réflexion : montrer que les actes homosexuels sont dits « désordonnés » (niveau objectif) et non pas coupables (niveau subjectif : le Catéchisme ne se prononce pas sur la culpabilité de la personne qui commet ces actes). C’est une distinction éclairante.

–          La Bible (2) : La Bible parle peu de l’homosexualité. Mais ce qui s’y trouve est dur à entendre. Or la Bible est tout entière parole d’un Dieu d’amour sauveur et non d’un juge condamnateur.

Sodome n’a rien à voir avec une condamnation de l’homosexualité, il s’agit de viol et de manque d’accueil (Gn 19).

Remettre les Ecritures dans leur contexte : rappeler qu’à l’époque des Ecritures, il n’y avait aucune connaissance d’une orientation homosexuelle. L’homosexualité était vue comme le comportement d’hétérosexuels, qui rencontraient  des hommes, généralement mariés. Saint Paul s’exprime à partir de cette façon de voir les choses. Or pour un jugement moral, c’est très différent : la liberté n’est pas la même, la motivation non plus !

A propos de Paul, rappeler que pour lui, tout sert à la grâce du Christ qui vient nous transformer, de sorte qu’il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni homme ni femme, ni homosexuel ni hétérosexuel, mais des enfants de Dieu. Une personne culpabilisée aura tendance à tout ramener aux listes de péchés et à la condamnation des actes homosexuels, en négligeant cette vraie pointe de Paul : l’amour de Dieu proposé à tous.

–          L’Eglise est parfois vue comme une « ennemie », une contrainte opposée à l’épanouissement de l’homme. Montrer qu’être chrétien, ce n’est pas remplir un certain nombre de règles, mais c’est répondre à un appel, à une proposition de vie qui tient compte de tout ce que nous sommes.

L’Eglise n’est pas parfaite, même si elle est experte en humanité. Elle est composée d’hommes et de femmes qui sont eux-mêmes en chemin, et l’homosexualité reste un mystère qu’elle explore à la lumière de la foi et de l’expérience de l’homme.

D’autre part, l’Eglise n’est pas que “l’Institutionˮ à qui il est facile de faire des reproches, c’est aussi tel prêtre qui accueille avec bonté, c’est même chacun de nous.

4/ Il peut arriver que certains se situent dans le registre de la tentation, de la damnation, etc. (3) Rappeler  que la vraie tentation du démon ne se porte pas sur un acte sexuel commis ou non, elle est de faire perdre l’espérance en la miséricorde de Dieu, pour nous couper de Dieu. C’est le véritable enjeu. C’est pourquoi on peut insister sur tout ce qui permettra à la personne de garder Dieu présent dans sa réalité de vie : prière, participation à l’eucharistie, sacrements.

5/ Nous n’avons pas à être des héros, mais à mettre un pas devant l’autre à notre rythme. Le moindre pas est grand aux yeux de Dieu. Nous pouvons alors chercher avec la personne quel pas concret elle peut faire pour grandir. C’est particulièrement important pour ceux qui se mésestiment : voir qu’on est capable d’avancer restaure l’estime de soi.

6/ Proposer à la personne accueillie de réfléchir à une fécondité possible de sa vie. Donner un projet, c’est rendre une espérance. Montrer que, même s’il y aura toujours une tension, ce peut être un tremplin, car cette difficulté nous oblige à trouver un chemin de vie personnel, une fécondité.

7/ En fonction des demandes :

– Certains peuvent éprouver le besoin d’une aide spirituelle (prière, fréquentation des sacrements) ou d’un accompagnement spirituel ;

– D’autres peuvent trouver un soutien dans un groupe pour partager cette dimension de leur personne avec d’autres ; il sera intéressant d’avoir les coordonnées d’associations ou de sites, et des dépliants à donner.

– D’autres encore ont besoin d’une démarche thérapeutique ; on sera prudent et on veillera à les aider à discerner pour que la démarche ne les blesse pas davantage.

Un entretien réussi, c’est celui dont la personne accueillie repartira en se sentant soulagée
d’avoir pu déposer son fardeau, avec une espérance et la conviction que Dieu l’aime telle qu’elle est,
heureuse de se découvrir plus belle qu’elle ne le pensait.

 

1 : Voir la question Quel regard porte l’Eglise sur les personnes homosexuelles ?
2 : Voir la question Que dit la Bible sur l’homosexualité ?
3 : Voir la question Suis-je damné ?

 

Pour aller plus loin

Sur ce site vous trouverez :

une page ACCUEILS PERSONNELS qui vous offre :

– la possibilité de contacter un prêtre, ou bien un écoutant en mesure de comprendre telle ou telle situation de vie.

– la possibilité de partager sur skype avec un écoutant de Devenir Un En Christ,
en ajoutant à vos contacts Devenir Un En Christ

La page NOS QUESTIONNEMENTS répond à un certains nombres d’interrogations.

La page BIBLIOGRAPHIE où trouver des ouvrages à conseiller.